Société&economie

Comment faire face aux reproches de nos enfants?

Famille

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Quelle que soit la façon dont on élève ses enfants, on n’échappe pas, un jour ou l’autre, à leurs critiques. Aussi blessantes soient-elles, elles permettent d’ouvrir le dialogue. Et, souvent, de rétablir une relation plus apaisée.

« Je n’ai pas la prétention d’être une mère parfaite, mais j’ai toujours fait ce que j’ai cru être le mieux pour mes deux filles, lâche d’emblée Anne-Cécile. Je les ai élevées seule et j’ai travaillé dur pour qu’elles ne manquent de rien ». Cette cadre commerciale de la région parisienne a beau avoir agi en son âme et conscience, son aînée, qui vient de fêter ses 28 ans, ne cesse de critiquer son éducation. « Mathilde me reproche tout et n’importe quoi, y compris de m’inquiéter lorsqu’elle rentre tard chez elle par les transports en commun, se désole la quinquagénaire. Mais ce qui revient le plus souvent sur la table, c’est que je n’ai pas été assez présente quand elle était petite. Et aussi que je ne l’ai pas suffisamment soutenue dans son projet de devenir comédienne ». La mère de famille sent bien que sa fille imagine qu’elle est plus fière de sa cadette, étudiante en troisième année de médecine. « C’est évidemment faux, se défend-elle. Et cela me peine énormément ».

Quand l’enfant nous accable de reproches, nous accuse d’injustices ou s’éloigne… que dit-il vraiment ?

enfant reproche parent

Quand nos enfants nous accablent de reproches, nous accusent d’injustices ou s’éloignent, nous pouvons prendre ces comportement de manière personnelle, comme des affronts ou de l’insolence. Pourtant, nous aurions beaucoup à gagner à  nous centrer sur ce qui se passe en nous , à creuser ce qui est touché en nous et à chercher derrière ce qui est donné à voir ou à entendre par les enfants. Même si ces reproches nous paraissent infondés, ils reflètent la réalité de l’enfant. Ne dit-on pas qu’il n’y a jamais de fumée sans feu ?

Au lieu de nous défendre ou de nous justifier face aux reproches des enfants, nous pourrions tenter une double approche :

  • se mettre à la place de l’enfant et pratiquer l’accueil de ses émotions via l’école active,
  • opérer un retour sur nous-mêmes : quelle a été ma réalité ? comment ai-je aimé mon enfant ? à quel moment aurais-je pu être envahi.e par des réactions émotionnelles qui m’auront peut-être fait manquer d’attention envers mon enfant, que ce dernier aurait pu interpréter comme un manque d’amour ?

Même si cela fait mal, nous pouvons accepter de considérer le grain de vérité dans ce que l’enfant nous “balance”. Dans son livre Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat propose 7 questions à nous poser à nous-mêmes pour rejoindre l’enfant à la lumière de nos comportements:

  1. Comment et à quel moment mon enfant a-t-il pu avoir l’impression que je ne l’aimais pas (ou moins que ses frères et soeurs) ?
  2. A quel moment n’ai-je pas su ou pu le protéger ?
  3. Qu’est-ce qui a pu lui faire mal ou lui manquer ?
  4. Aurais-je parfois privilégier mon pouvoir sur lui au détriment de l’écoute de ses émotions et de ses besoins ?
  5. Ai-je plus respecté mes certitudes éducatives que ses besoins (besoins exprimés de manière plus ou moins appropriée, plus ou moins explicite) ?
  6. Aurais-je pu chercher (inconsciemment ou consciemment) à faire taire ses émotions au lieu de les entendre ?
  7. A quoi ai-je obéi dans mes actes : à mon histoire, à ma belle-mère ou ma mère, au pédiatre, à mon conjoint, à un livre, une émission ou bien à mon instinct guidé par les besoins de mon enfant et mes propres besoins ?

Les réponses à ces questions peuvent nous amener à nous excuser auprès de nos enfants et à envisager d’autres manières de penser et d’agir pour retrouver une relation respectueuse, chaleureuse et fondée sur le plaisir et l’amour réciproque.

Quand les enfants accusent les parents (tu ne m’achètes JAMAIS rien, tu es TOUJOURS en retard)

Quand les enfants accusent les parents

En tant que parents, nous avons tous (ou presque) été confrontés à un moment ou un autre aux accusations de nos enfants. Quand nous n’avons pas appris à d’émotions et de besoins, raisonner en termes, nous sommes tentés de dire qu’ils sont “ingrats”, “jamais contents” et de nous mettre en colère contre eux, voire les punir parce que “les enfants ne doivent pas parler comme ça aux adultes !”. Ce type de répliques met tout le monde de mauvaise humeur et affaiblit les liens parents/ enfants.

Pourtant, une stratégie plus efficace serait d’accueillir les paroles des enfants comme des manifestations de déception. Voici quelques exemples d’écoute empathique :

Enfants : Tu ne m’achètes jamais rien.

Parent : Oh, tu es déçu. Il y a quelque chose que tu aimerais que je t’achète ?

Enfants : Tu ne m’emmènes jamais nulle part.

Parent : Tu veux dire que tu voudrais qu’on fasse plus de choses ensemble ? Il y a un endroit où tu aimerais aller en particulier ? / Tu te sens laissée de côté ?/ Tes cousines sont allées au parc d’attraction la semaine dernière et ça t’a donné envie. C’est vrai que ça donne envie !/ C’est vrai que la dernière fois qu’on est allé au parc, ça a été la crise au moment de partir et je n’ai pas eu envie de t’emmener à nouveau au parc. Est-ce que tu veux qu’on en parle ?

Enfants : Tu es toujours en retard.

Parent : Je vois que ça ne t’a vraiment pas plu de m’attendre.

Enfants : Tu t’en fiches de moi !

Parent : Tu aurais aimé que je sois là quand tu es tombé, quand tu avais besoin de moi. Tu es fâché contre moi et tu m’en veux. C’est ça ?

Enfants : Il n’y a jamais rien de bon à manger dans cette maison.

Parent : Il me semble que tu ne trouves rien à ton goût ce matin. Ça a l’air d’être une matinée difficile pour toi aujourd’hui.

Les mots “toujours” et “jamais” ne reflètent pas la réalité mais nous donnent des indices sur la présence d’un besoin sous-jacent insatisfait.  Grâce à l’école empathique, qui nous invite à nous mettre à la place de l’enfant, nous pouvons aller à la rencontre de ces besoins insatisfaits chez l’enfant.

Par ailleurs, les désirs se distinguent des besoins dans le sens où les premiers peuvent être satisfaits sur un mode imaginaire.

 

 

Un désir ou une envie peuvent être résolus par la simple reconnaissance des parents. Il suffit parfois qu’un parent sorte un crayon et un stylo pour noter les demandes d’un enfant quand celui-ci réclame tous les jouets dans un magasin. Dans ce cas, le parent montre qu’il prend au sérieux les désirs de l’enfant et qu’il s’en soucie assez pour les noter.

Très bien, je note que tu veux ceci, cela sur la liste des souhaits. Je l’écris sur mon petit cahier. J’ai déjà écrit ceci et cela : qu’est-ce que tu aimerais d’autre ?

Les désirs ou envies peuvent masquer les besoins : c’est alors aux parents qu’incombe la (difficile) tâche de révéler les besoins exprimés derrière un désir. Le propre du désir est d’être entendu, partagé, relié à l’ensemble des interrogations de l’enfant : quel est le message que l’enfant veut faire passer quand il réclame ceci ou cela avec insistance, de manière disproportionnée/ inappropriée ou qu’il passe par des accusations envers ses parents ?

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